Lean Management, 5S, Kaizen… on ne compte plus les grandes démarches visant à offrir les meilleures conditions de travail pour booster la productivité. Mais comment s’y prendre, quand on est en charge d’un projet trop modeste pour justifier l’appel à un consultant en ergonomie ? Tout simplement en appliquant quelques règles fondamentales, et en faisant appel à son bon sens.
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Abordez l’agencement par les situations de travail
Il faut résister à la tentation du raisonnement par les produits. Un meuble n’est pas ergonomique en lui-même, il doit simplement répondre à une organisation, à des contraintes, des usages… Commencez donc par analyser l’organisation générale de l’atelier, en particulier les flux : par où arrivent et repartent les pièces, où sont les équipements et outils, les ouvertures, les sources de lumière…
Il est fondamental que l’opérateur puis visualiser l’avancement de son travail, et la progression générale de la production de l’atelier. Il est par exemple psychologiquement perturbant de voir une pièce repartir en arrière (même si elle progresse en termes de valeur ajoutée). Pouvoir évaluer d’un seul coup d’œil la situation globale de l’atelier rassure les opérateurs, limite les à-coups de production, et s’avère propice à l’entraide.
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Donnez la priorité à la sécurité
Le traitement des risques truste les 3 premières places des 9 principes de la démarche de prévention inscrits au code du travail (L.4121-2). Application immédiate : installez des protections collectives aux principaux risques (poussière, produits chimiques, coupures, écrasement). En termes de mobilier, il s’agit de disposer de fermetures adaptées, de roulettes de sécurité, de fixation des armoires et des établis… Les équipements de protection individuelle ( EPI ) viennent bien sûr compléter cette prévention, et traiter des risques spécifiques pour certains opérateurs.
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Soyez attentif à l’environnement de travail
L’agencement de l’atelier, en particulier la position des meubles, qui rappelons-le, peuvent être mobiles, doit prendre en compte la lumière et le bruit.
La lumière naturelle doit être privilégiée car elle est bénéfique tant physiologiquement (vitamines) que psychologiquement (la luminothérapie peut être employée contre la dépression). De plus une lumière insuffisante ou inadaptée (angles, focalisation…) peut compliquer significativement l’accomplissement des tâches, jusqu’à poser des problèmes de qualité de la production.
Le bruit car il s’agit d’une plainte très fréquente des travailleurs. Il cause fatigue et stress, agit sur les systèmes nerveux, cardiovasculaire et digestif. Il nuit également à la qualité du travail et peut même être à l’origine d’accidents. Côté meubles, privilégiez les roulettes silencieuses, installez des mousses de calage, évitez les grandes surfaces métalliques (alignement d’armoires) qui réfléchissent le son…
Le saviez-vous?
69 % des actifs français travaillant dans l’industrie se disent dérangés par le bruit sur leur lieu de travail.
50% des actifs français considèrent que le bruit au travail a des répercussions sur leur quotidien en termes de » fatigue, lassitude, et irritabilité « .
Enquête IFOP 2018 pour l’association Journée nationale de l’audition (JNA).
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Réduisez les contraintes physiques des opérateurs
Trois sujets doivent être traités :
- Les efforts physiques, en particulier le transport de charge selon le poids et la distance, et des postures pénibles par leur durée (position debout). Des meubles adaptés comme les sièges assis-debout, ou les tables élévatrices, sont des réponses utiles.
- La répétitivité des gestes : loin d’être un automatisme, elle demande au contraire une forte concentration. Il convient donc de réduire au maximum la charge mentale en facilitant les gestes. Elle est aussi la principale cause de Trouble Musculo-Squelettique ( TMS ). Les solutions adaptées sont essentiellement liées au confort d’installation (sièges réglables, établis ajustables en hauteur…), et à des préhensions faciles (poignées des bacs, tiroirs coulissant sans effort…).
- La dimension et l’équipement des postes de travail: ni trop grand car l’espace et le budget sont comptés, ni trop petit sous peine de stress et d’erreurs. Les postes de montage modulaires sont à cet égard particulièrement pratiques car ils offrent non seulement une forme de personnalisation (gauchers, handicap…), mais aussi une excellente capacité d’adaptation à l’évolution des activités de l’atelier.
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Suivez les normes
Dans les deux sens du terme : connaissez-les, et appliquez-les. Une fois n’est pas coutume, la plupart des 150 normes en ergonomie française sont particulièrement claires et utilisables directement par le manager de terrain que vous êtes. Elles donnent en effet les limites chiffrées à ne pas dépasser. Votre bon sens et votre expérience feront le reste !
La norme NF X35-109 par exemple, qui concerne le port de charge, limite à 15 kg la charge unitaire, et le tonnage cumulé à 7,5 t sur 8h.
Article réalisé avec l’aide de Jean-Pierre Zana, ergonome.
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