Manutan : Pouvez-vous présenter Greenspeed en quelques mots ?
Franck Devlaeminck : Greenspeed a été créée voilà 25 ans aux Pays-Bas. L’entreprise propose une gamme globale de produits de nettoyage durables et de produits en microfibre innovants. Toutes nos solutions de nettoyage visent un impact positif sur l’homme et son environnement. C’est pourquoi nos concepts de nettoyage reposent sur le principe de l’économie circulaire plutôt que linéaire et la santé de l’homme. Greenspeed est aujourd’hui présent dans une trentaine de pays en Europe, mais aussi en Asie. Nos produits sont distribués auprès de grands distributeurs comme Manutan, ainsi qu’auprès de distributeurs spécialisés dans les produits d’hygiène, mais aussi dans le secteur de l’industrie alimentaire. Nous réalisons un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, dont plus de 50 % réalisés à l’export hors du Benelux. Nous sommes donc un groupe très européen, d’autant que la quasi-totalité de nos détergents d’origine végétale est produite en France, dans notre usine écologique de Boulogne-sur-Mer.
Manutan : Comme vous l’avez dit, Greenspeed assume un positionnement très fort en faveur de l’environnement et de l’économie circulaire. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce point ?
J.D: Il y a 25 ans, Greenspeed a été la première entreprise du Benelux à proposer une microfibre de qualité certifiée Nordic Swan, écolabel scandinave. Ce premier succès nous a permis de mener des activités de croissance externe, avec notamment l’acquisition en 2015 de la société Ecover professional, qui menait elle aussi une activité pionnière en matière de conception et de lessives écologiques efficaces. C’est ainsi que nous avons progressivement élargi notre gamme de produits, en passant de la microfibre aux produits de nettoyage écologiques, les systèmes de lavage et les chariots de ménage à base de matière recyclée et recyclable. L’objectif est d’être toujours en mesure d’apporter à nos clients les produits les plus efficaces et les plus respectueux de l’homme et de l’environnement, tout en respectant les principes de l’économie circulaire. Cela passe bien sûr par l’obtention de certification environnementale de première importance, comme l’Écolabel européen, le label C2C (Cradle to Cradle) et le label Nordic Swan.
L’obtention de la certification C2C pour du détergent a constitué une première mondiale fin 2012. Cette certification, qui valide l’approche circulaire de notre production, contrôle les produits autour de 5 grands piliers :
- L’utilisation d’ingrédients sains pour le respect de la santé des utilisateurs
- La réutilisation des matériaux
- Les conditions sociales du processus de production.
- L’utilisation d’énergie renouvelable dans le processus de fabrication.
- L’usage et le traitement des eaux dans le cadre du processus de fabrication.
Johan Tops : Précisons qu’à travers la promotion de l’économie circulaire, le label Cradle to Cradle fait aussi celle de l’économie sans déchet. L’attribution de ce label garantit ainsi que nos produits ne sont source d’aucun déchet, ni des déchets biologiques, ni des déchets techniques comme l’emballage. Tous nos produits sont entièrement biodégradables et nos emballages sont ainsi 100 % recyclables.
Manutan : Au regard de l’importance de votre engagement, peut-on parler d’un positionnement militant de la part de Greenspeed ?
J.D : Tout à fait. La vision et l’engagement des équipes de Greenspeed pour offrir à nos clients des solutions de nettoyage les plus efficaces et les plus respectueuses possible de l’environnement relève effectivement d’une forme d’engagement militant, même s’il s’exprime dans le cadre propre d’une entreprise, qui comme toute entreprise, est face à des enjeux de performance et de rentabilité.
Manutan : Au-delà de la problématique environnementale, Greenspeed a-t-elle développé d’autres axes d’action RSE ?
J.D : Greenspeed essaie en effet de respecter l’importance de son engagement RSE aussi bien à l’interne qu’à l’externe. Nous veillons par exemple à privilégier une production locale et à travailler avec des partenaires locaux. Nous nous efforçons également de déployer un outil logistique raisonné et de rationaliser au maximum nos modes de déplacement et notre consommation d’énergie.
Manutan : Déployez-vous des indicateurs de mesure par exemple pour vos émissions carbone ?
J.T : Notre activité génère peu de CO2 car elle repose sur des produits d’origine naturelle et sur l’utilisation au maximum d’énergie renouvelable dans le processus de production.
En revanche, nous sommes très vigilants à mesurer de manière très précise l’impact de nos détergents sur le milieu et la vie aquatique. Il importe à cet égard de souligner que nous sommes souvent les premiers à introduire une innovation sur le marché. Par exemple, en plus d’avoir été les premiers producteurs de solutions de nettoyage et de produits détergents à obtenir la certification Cradle-to-Cradle, nous étions également les premiers de ce secteur d’activité à ouvrir une usine écologique, ou à recourir à des solutions d’emballage en fibres de canne à sucre. A cet égard, notre souhait n’est d’ailleurs pas de nous contenter de telle ou telle certification, mais d’aller toujours plus loin et de proposer toujours plus de solutions innovantes pour des produits toujours plus verts et toujours plus performants.
Manutan : La spécificité de vos produits conduit-elle à faire évoluer votre discours commercial ?
F.D : Notre positionnement très affirmé en faveur de l’environnement impose en effet de donner une dimension parfois pédagogique à notre argumentaire commercial. L’objectif est d’exposer à la fois notre vision et de faire la démonstration de la valeur ajoutée de nos produits, à rebours de toute forme de green washing. Il s’agit donc de témoigner à la fois de la très grande efficacité de nos produits, mais aussi de leur totale conformité aux enjeux environnementaux. Par exemple, nous avons développé une gamme de produits à base de probiotiques, c’est-à-dire à base de bonnes bactéries, capables de mener une action de nettoyage dans la durée. Ces bactéries vont se nourrir en effet des micro-organismes de manière continue, de façon à assurer une propreté sur la durée. A cela s’ajoute que ces probiotiques participent à la purification de l’eau. Il est donc important d’expliquer de quelle manière agissent nos produits. Quoi qu’il en soit, nous observons une appétence toujours plus grande de nos interlocuteurs pour les produits de nettoyage écologique. Alors que leur part de marché était quasi nulle il y a une vingtaine d’années, ils représentent aujourd’hui 15 % à 20 % du marché des produits d’entreprise, et connaissent une croissance continue.
Manutan : Les métiers de Greenspeed renvoient directement à la problématique sanitaire. Avez-vous observé une évolution face aux enjeux RSE de la part de vos clients depuis le début de la pandémie ?
J.T : Il semble en effet que l’un des effets de la pandémie est de provoquer une forme de prise de conscience autour des enjeux sanitaires et environnementaux. La santé, la propreté et la sauvegarde de nos environnements sont bien sûr aujourd’hui dans tous les esprits. Tout cela favorise naturellement une forme d’engouement pour les produits circulaires à haute valeur environnementale.
F.D : Nous observons d’ailleurs une évolution des politiques d’achat de plus en plus favorables aux achats responsables. Les acheteurs expriment en effet le souhait d’élargir leur gamme de produits de nettoyage. L’objectif pour eux est d’obtenir des produits qui soient bons pour la planète, mais aussi pour la santé des équipes de nettoyage, ainsi que pour la qualité de vie au travail.