Vers une approche toujours plus RSE de la production

Manutan : Pouvez-vous présenter le Groupe Pierre Henry en quelques mots ?

Bernard Dumas : Le Groupe Pierre Henry est un groupe familial français créé en 1945. Initialement spécialisée dans la fabrication de bagages métalliques, l’entreprise a diversifié ses activités au fil du temps. Il compte aujourd’hui parmi les leaders français des métiers du rangement, du classement et des mobiliers de bureau. Nous sommes spécialisés dans les équipements fabriqués à partir de plastique, de métaux et de bois. Nous comptons 290 collaborateurs, répartis dans 6 sites français, 5 usines et 1 site administratif. Nous sommes présents sur le marché BtoB avec la marque commerciale Vinco, ainsi que sur le marché BtoC avec nos marques Pierre Henry, Snor et Clementina Frog. Même si la France reste notre principal marché, nous sommes aussi présents dans toute l’Europe de l’Ouest et l’outre-mer.

Manutan : Le groupe Pierre Henry se caractérise par de forts engagements RSE. Pouvez-vous revenir sur le détail de ces engagements ?

B.D : Nos engagements RSE visent à servir notre ambition de faire du Groupe Pierre Henry une entreprise référente en termes de solutions intelligentes de rangement et de classement. Notre objectif est de stimuler les marchés en réinventant les modèles de consommation et de travail. Cela passe naturellement par un engagement en faveur de l’environnement. Nous privilégions les matériaux recyclables et les modes de production aussi économes en énergie et faiblement émetteur de CO₂ que possible. Nos produits disposent ainsi de la labellisation NF Environnement, nous utilisons du bois certifié PEFC. Nos usines utilisent de l’eau en circuit fermé pour éviter tout rejet liquide dans le milieu naturel. Nous n’utilisons que des peintures exemptes de métaux lourds. Nous veillons également à rationaliser l’emballage de nos produits, mais aussi de nos matières premières, pour réduire les volumes de matières transportées et optimiser le transport. Bien sûr, tous les emballages sont recyclables. Dès que possible, nous utilisons des emballages multi-rotation. Nous pratiquons également le tri systématique des déchets.

Le Groupe Pierre Henry est aussi très vigilant à sa responsabilité sociale. Nous avons mis en place un plan d’action concret pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Nous agissons également en faveur de l’accès à l’emploi des seniors avec un minimum de 25 % de salariés de 52 ans et plus dans nos équipes.

Manutan : Le groupe se caractérise par l’utilisation importante du métal et du plastique pour ses solutions de rangement. Quelle est votre approche face à la recyclabilité de ces matériaux?

B.D : Le recyclage et la compatibilité environnementale sont au cœur de nos processus de fabrication. Lorsqu’il répond à un certain nombre de normes techniques, le plastique est tout à fait compatible avec les enjeux environnementaux, ce qui nous permet de commercialiser des rideaux en polypropylène certifiés NF Environnement. Toutes nos pièces en plastique disposent d’ailleurs d’un marquage qui permet de les identifier en vue de leur recyclage. Le choix du métal est également justifié par le cycle perpétuel de l’acier. N’oublions pas, par exemple, que 54 % de la production européenne d’acier est directement issue du recyclage de ferraille, sans aucune altération du produit. Saviez-vous par exemple que les aciers utilisés pour les boosters de la fusée Ariane ou pour les ronds à béton de l’Arche de la Défense proviennent du recyclage ?

Manutan : Quelles sont les motivations à l’origine de vos choix industriels ?

B.D : Nous avons occupé très tôt une position de leader sur le marché du rangement. Nous avons alors considéré que cette réussite nous plaçait aussi face à d’importantes responsabilités. Notre rôle consiste à proposer des solutions innovantes d’aménagement intérieur ou d’industrialisation des produits, pour monter constamment en valeur ajoutée, en particulier en termes RSE. Nous constatons d’ailleurs que la recherche de fournisseurs RSE constitue une préoccupation de plus en plus forte de la part de nos clients grands comptes. Nous continuons également à sensibiliser les plus petites entreprises sur l’importance de la RSE, en particulier en cette période de crise sanitaire où la montée en puissance du flex-office et du télétravail s’accompagne de nouveaux besoins en termes de mobilier de bureau.

Manutan : Quelle est l’approche du groupe à l’égard des achats responsables, tant vis-à-vis de ses clients que de ses propres fournisseurs ?

B.D : Même si l’objectif reste bien sûr de répondre quoi qu’il arrive aux besoins des clients, que ce soit en termes de prix ou de qualité du produit. Il est important de continuer à évangéliser le marché et à faire preuve de pédagogie pour convaincre nos interlocuteurs de privilégier les produits à faible impact environnemental. Cela me paraît encore plus important dans le contexte de crise généré par la Covid, car il peut inciter les acheteurs à se focaliser sur le critère prix plutôt que sur les critères environnementaux des produits. Il importe de changer un certain nombre d’habitudes, notamment dans les critères d’appels d’offres, où la place des critères environnementaux peut encore progresser.

Nous sommes très impliqués sur les marchés publics, lesquels sont très vigilants aux critères RSE et au développement des achats responsables. Nous sommes donc très attentifs à ces critères au moment de répondre aux appels d’offres. Nous veillons également à opérer une sélection rigoureuse de nos propres fournisseurs sur la base des critères suivants :

• le respect de la législation du travail ;
• la transparence des bilans sociaux ;
• le recours aux produits certifiés ;
• le respect de la réglementation Reach qui vise à mieux protéger les hommes et l’environnement des substances chimiques.

Nous demandons d’ailleurs à nos propres fournisseurs d’utiliser au moins 25 % de matériaux recyclés.

Manutan : Le Groupe est positionné sur les marchés BtoB et BtoC. Observez-vous des attentes différentes de ces deux marchés à l’égard de la RSE ?

B. D : Les attentes du consommateur devancent souvent celles du marché professionnel. Il me paraît donc clair que le marché domestique tire le marché professionnel vers une approche toujours plus RSE de la production. Aujourd’hui, la sensibilité environnementale et sociétale reste encore un peu trop limitée aux acheteurs publics et aux grands groupes. Mais de manière générale, la situation évolue clairement en faveur de la RSE, dans tous les secteurs, depuis deux ou trois ans.