Depuis le 10 février 2020, date de promulgation de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, la fonction achat n’est plus tout à fait la même. Désormais, il sera plus que jamais nécessaire de tenir compte de la finitude des ressources naturelles. Cela suppose pour les entreprises d’évaluer progressivement d’un modèle de production et de consommation linéaire vers un modèle…circulaire. Autrement dit, vers un mode de gestion optimisés des ressources.
L’économie circulaire en quelques mots
L’économie circulaire désigne un concept économique capable de répondre de manière efficiente aux enjeux du développement durable. Son objectif est de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières et des ressources naturelles. Il s’agit de déployer une nouvelle économie, circulaire et non plus linéaire, fondée sur le principe de cycle de vie des produits, des services, de matériaux, des déchets, de l’eau et de l’énergie.
L’économie circulaire repose donc sur plusieurs principes :
- L’éco-conception qui intègre l’impact environnemental de l’ensemble de cycle de vie d’un produit dès sa phase de conception.
- L’écologie industrielle et territorialequi vise à déployer une gestion optimisée des stocks et de flux de matières, mais aussi de l’énergie et des services, sur l’ensemble d’un même territoire.
- L’économie de la fonctionnalité, qui privilégie l’usage à la possession et qui repose sur la vente d’un service plutôt que sur celle d’un bien.
- Le réemploi, qui consiste à remettre dans le circuit économique des produits usagers et éventuellement re-manufacturés.
- La réutilisation, qui permet de réutiliser certains déchets pour élaborer de nouveaux produits.
- La réparation
- Le recyclage.
Pour être efficiente, l’économie circulaire repose donc sur de nouveaux modes de conception, de fabrication et de consommation plus sobres et plus efficaces. A cet égard, non seulement le tri des déchets doit devenir systématique, mais en plus, ceux-ci sont désormais considérés comme des ressources à part entière.
Économie circulaire et fonction achat
Autant d’éléments qui font que l’économie circulaire peut devenir un paramètre important de la politique d’achat. Plusieurs modèles d’achats circulaires peuvent d’ailleurs être mis en œuvre :
- L’achat d’un produit ou service « circulaire »
Achat d’un produit éco-conçu ou biosourcé, recyclable ou recyclé, dont la fabrication et/ou le fonctionnement est économe en matière première et en énergie. Il peut également s’agir d’un produit modulable, réparable et bénéficiant d’une longue durée de vie.
- L’achat selon un modèle de contrat « circulaire »
Dans ce cas de figure, l’achat porte sur l’acquisition d’un droit d’usage plutôt que sur la possession en tant que telle du produit. Le prestataire demeure le propriétaire du produit et propose une facturation à l’usage ou en fonction des performances souhaitées par le client. En charge de la maintenance, du remplacement et du recyclage de ses équipements, le fournisseur aura ainsi tendance à garantir une longue durée d’usage du produit et un moindre gaspillage des ressources naturelles. D’autres types de contrats circulaires sont envisageables. Par exemple, le rachat par le prestataire du produit à la fin de son utilisation. Le prestataire est alors beaucoup plus enclin à veiller au maintien de la valeur maximale du produit, en vue d’une réutilisation ou d’un recyclage des matériaux.
Montée en puissance de l’achat circulaire
Plus que jamais convaincues de l’importance des enjeux RSE qui s’imposent à elles, les entreprises se convertissent progressivement à l’achat circulaire, souvent sous l’impulsion de leurs plus hauts dirigeants. Pour Jean-Dominique Sénard, par exemple, PDG de Michelin, « face aux défis de l’environnement et de la recherche d’efficacité économique, l’économie circulaire apparaît très prometteuse : intensifier l’usage des matériaux, des actifs matériels et des produits, en réutiliser la matière première plusieurs fois au lieu de les entasser dans des décharges et de les jeter à la mer, conduit à économiser des ressources, à ménager l’environnement et à relocaliser certains emplois »[1].
D’autres grandes entreprises sont sur les rangs. Ainsi Bouygues Construction « mise sur l’innovation et l’économie circulaire, avec des produits biosourcés ou à vocation environnementale positive » indique de son côté Éric Bouret, directeur des Achats de Bouygues Construction. Le constructeur recycle par exemple les déblais issus des chantiers de tunnel du Grand Paris. Il utilise aussi du béton à base de granulats recyclés, issus de la déconstruction de bâtiments.
A en croire le baromètre annuel ObsAR[2], le début de l’année 2020 marque même l’émergence d’une nouvelle génération d’acheteurs responsables, convaincus du bien-fondé de l’économie circulaire. 85 % des organisations déploient ainsi une politique d’achat responsable, et pour 11 % d’entre elles depuis moins d’un an. Au point que le renforcement de cette politique constitue une priorité pour 49 % des entreprises prises en compte par le baromètre. De son côté, l’édition 2020 de l’étude AgileBuyer – CNA[3], consacrée aux nouvelles tendances des achats, montre d’ailleurs que 52 % des directions achats font de la réduction de l’empreinte carbone la contribution n°1 des achats à la stratégie de l’entreprise. 54 % des acheteurs souhaitent ainsi réduire leur facture énergétique, mais aussi allonger la durée de vie des produits[4].
[1] Les indicateurs de l’économie circulaire pour les entreprises, Institut national de l’économie circulaire, 2018.
[2] Observatoire des Achats Responsables
[3] Centre National des Achats
[4] Baromètre des achats responsables 2019.
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