1883, la deuxième révolution industrielle est en marche. Paris dispose d’un éclairage public à gaz performant et expérimente déjà les réverbères électriques sur quelques places et Avenue de l’Opéra. La « Rapide », automobile à vapeur construite par Amédée Bollée emporte 6 personnes (courageuses !) à plus de 60 km/h dans les rues pavées. Gustave Eiffel entame la conception de sa tour, qui doit être terminée pour l’exposition universelle de 1889. Et pourtant, la capitale qui s’apprête à recevoir le monde entier, croule encore sous le crottin de cheval et les ordures ménagères, que les habitants entassent tout de même à des points de collecte des déchets identifiés !
Est-ce la crainte de faire passer les français pour un peuple sale, ou plus prosaïquement les récentes découvertes de Pasteur sur l’hygiène ? Toujours est-il que le préfet de Paris (préfet de la Seine précisément), décide d’imposer aux parisiens l’usage d’une « boîte à ordure » munie d’un couvercle, à la charge des propriétaires des immeubles. À ce stade, seul le texte réglementaire porte le nom de son (futur) illustre auteur : l’Arrêté Poubelle.
Oui, c’est bien Eugène Poubelle, qui donna son nom à cet objet à la fois pratique… et pas toujours ragoûtant : la poubelle. Mais ce sont d’abord les réfractaires qui affublèrent l’objet du nom de son « inventeur », pour lui nuire ! Il faut dire que l’obligation avait été précédée d’une taxe « balayage ».
L’arrêté débute donc avec la bronca des concierges, qui acceptent mal cette nouvelle tâche, et surtout des chiffonniers, corporation déjà miséreuse, qui compte alors environ 30 000 travailleurs et dont le métier consiste, précisément, à récupérer puis revendre des objets mis au rebut. De nombreuses « poubelles » sont ainsi volées et/ou détruites, tandis que les éditorialistes tirent à boulet rouge sur le préfet et ses drôles de récipients « de bois, garnis de fer blanc ».
«D’un trait de plume, il a en effet supprimé le tas d’ordures. Mais le chiffonnier reste, lui, sa femme et ses enfants… le ventre creux, la bourse vide…» lit-on dans le Figaro de l’époque. On l’accuse même d’entente avec les fabricants.
Heureusement, le ramassage quotidien des déchets ne mit pas longtemps à calmer les réfractaires, et à mettre tout le monde d’accord. Et le bac à ordure conserva le nom de son géniteur.
Le tri sélectif des déchets selon Eugène Poubelle : |
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Ce n’est pas une mais 3 boîtes à ordures que les parisiens devaient acquérir : - Une pour les déchets alimentaires - Une pour les papiers et chiffons - Une pour les minéraux : verre, faïence… (et coquilles d'huîtres !). Logique, car les minéraux finissaient déjà dans les routes, les matières organiques dans les potagers, et les papiers et chiffons dans les chariots des chiffonniers ! Ce tri fut cependant rapidement abandonné, faute d’application. |
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