Notre série d’articles sur les filières de recyclage des déchets se prolonge. Aujourd’hui découvrons la filière la plus récente et la plus complexe techniquement : le plastique.

1- Est-ce que ça marche ?

Moyennement… Seules quelques 900 000 tonnes sont collectées chaque année sur un gisement qui compte 3.5 millions de tonnes environ. La promesse faite en 2017 par le Premier Ministre, Édouard Philippe, de recycler « 100 % des plastiques sur tout le territoire d’ici 2025 » semble ainsi compromise : la France pointe parmi les dernières de la classe, avec un taux de recyclage d’environ 26 % en 2018, quand les meilleurs européens, tels que les pays scandinaves, plafonnent à 40 %.

Par ailleurs, la part de matières premières recyclées dans les plastiques français n’excède pas 6 %. La raison en est simple : les particuliers peinent à identifier les matières et à comprendre les consignes de tri, qui diffèrent d’une région à l’autre. Sans parler des types de plastiques (composition et/ou qualité, propreté) pour lesquels aucun recyclage n’est techniquement possible à ce jour.

Du côté des industriels, l’horizon semble plus dégagé, car la grande majorité des déchets plastique de process recyclables est déjà traitée. De plus, un groupe de 15 grandes entreprises fortement productrices d’emballage (Coca-Cola, l’Oréal, Carrefour…) a signé début 2019 un Pacte national sur les emballages plastiques, qui les engage à ce que 60 % de leurs emballages soient recyclés en 2022, et que 100 % soient recyclables, réutilisables ou compostables en 2025. L’audit étant réalisé en externe par des ONG.

Source : Federec, Fédération professionnelle des entreprises du recyclage / Carrefour.

2- Qui sont les acteurs du recyclage des déchets plastiques ?

À côté des généralistes (Veolia, Paprec, PRAXY, SUEZ…), quelques spécialistes comme VALORPLAST ou APR2 Plast, s’attaquent à ce marché en croissance. Certains recycleurs visent une collecte monoproduit ou très étroite : la société ELISE avec les bouteilles plastiques en PET, l’entreprise Canibal avec son « distributeur » récupérateur de canettes, gobelets et bouteilles. Ils travaillent de concert avec le nouvel éco-organisme Citeo, issu de la fusion en 2017 d’Eco-Emballages et d’Ecofolio.

3- Quels sont les procédés de recyclage ?       

En préambule, notons que seuls les plastiques thermoplastiques sont recyclables. Ces matières, qui représentent 80 % du gisement, peuvent en effet être « refondues », alors que les plastiques dit « thermodurcissables » sont solidifiés de manière irréversible.

Les plastiques pré-triés (sur site industriel, tertiaire, ou issus des ménages) passent d’abord par un centre de tri des déchets, dans lequel ils sont classés par type (PET, PE, PS, etc..). Ils sont ensuite compactés et transportés vers leur point de recyclage.

À l’usine de régénération, les plastiques sont broyés et nettoyés. Les impuretés (restes des contenus, colles, encres, papier…) sont évacuées, et la matière propre, qui ressemble à des paillettes, égouttée. La séquence de régénération peut alors commencer : préchauffage pour assouplir la matière, traitement physico-chimique, et extrusion. Le plastique sort sous la forme d’un jonc, refroidi par eau, puis coupé en granulés.

On distingue généralement deux sortes de granulés de plastique recyclé :

• Les clairs : issus des bouteilles d’eau et autres plastiques transparents (PET)
• Les foncés : provenant par exemple des bouteilles de lessive (PEHD, PP, PS…)

Le saviez-vous?
Il est possible de recycler le polystyrène expansé.

C’est un procédé mis au point par Veolia en 2013, mais tenu secret et réservé à l’industrie. Il permet de régénérer les fameuses petites billes blanches longtemps considérées comme non recyclables.

4- Que deviennent vos déchets plastiques une fois recyclés ?

Les granulés issus de la régénération sont utilisables, comme n’importe quel plastique « neuf », pour produire tous les objets en plastique du quotidien ou de l’industrie : emballages, bouteilles, films, sacs, rembourrages, fils et filets… Ou presque ! Car l’opération n’est pas reproductible à l’infini : impossible par exemple de recycler votre polaire faite en « textile de bouteilles » à cause des colorants et traitements ajoutés. Plus largement, un même plastique ne peut être recyclé qu’une poignée de fois (différentes selon les matières et leur qualité initiale). En conséquence, on mélange toujours (ou presque) de la matière première vierge avec les granulés recyclés.

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