En préambule, quels freins observez-vous lors de la mise en place des points d’apport volontaire ?
Ils sont relativement classiques mais nécessitent néanmoins d’être entendus et pris en compte. Certains sont d’ordre pratique, comme l’obligation de se déplacer pour aller jeter son trognon de pomme car la corbeille de bureau a disparu ! Ou encore orientés sur la difficulté à choisir le bon bac pour certains produits, en particuliers les plastiques. Mais les barrières principales sont souvent « psycho-sociales » : certains doutent de l’intérêt écologique et/ou économiques du tri sélectif, d’autres considèrent la démarche comme infantilisante, et nombreux sont ceux qui peinent tout simplement à adopter un changement d’habitude… Il faut donc effectuer un travail de profondeur, de sensibilisation au tri des déchets en entreprise…
Quelles réponses peut-on apporter à ces réticences ?
Nous travaillons généralement sur trois axes, qui permettent de traiter l’ensemble de la problématique. D’abord le contenant (ndlr : conteneur , bac, ou poubelle), qui doit être adapté, disponible, et placé au bon endroit. Autrement dit, il convient de choisir des poubelles de tri sélectif pratiques, de s’assurer qu’elles sont bien vidées régulièrement, et surtout de les placer à des endroits stratégiques : soit des destinations « habituelles » pour les collaborateurs, comme la machine à café ou l’imprimante, soit sur des axes de circulation très fréquentés (vers l’entrée, les halls d’ascenseurs, les toilettes, la cantine…). Et pour les trognons de pomme, nous proposons désormais des petites poubelles de table d’un ou deux litres, qui permettent à chacun de « stocker » ses petits déchets temporairement.
Deuxième axe, l’identification des déchets : il s’agit de faciliter au maximum la prise de décision de l’usager au moment du dépôt : « Dans quel bac ? ». En termes ergonomiques, on parle de réduction de la charge mentale ou cognitive : jeter ne doit pas être un effort. Concrètement, il s’agit de privilégier la clarté autour du point d’apport volontaire, par des signalétiques simples (pictogrammes et terminologie). En la matière, le mieux peut être l’ennemi du bien. Qui veut lire la liste des 30 déchets autorisés dans la poubelle jaune ? Une communication visuelle fera bien mieux l’affaire : des stickers, quelques panneaux d’affichage et le tour est joué. Nous préconisons aussi l’usage de couleurs différentes pour chaque bac (pas de norme sur ce point)… Et surtout de conserver une parfaite unité entre les points d’apport volontaire et les sites dans une même entreprise. Enfin, l’ajout de couvercles à « fentes » permet d’empêcher l’insertion des mauvais déchets, et surtout de mieux indiquer à l’usager les comportements attendus. Un trou rond appelle plus à jeter une canette que du papier, non ?
Tout ceci demande tout de même de l’information, et même de la formation !
C’est justement notre troisième axe, et surtout la seule solution efficace pour réduire la résistance au changement. En pratique, une campagne d’information quelques semaines avant l’installation du point d’apport est généralement suffisante. Puis des explications concrètes autour de chaque pôle le jour de leur mise en route. Quant au contenu de cette communication, il doit être responsabilisant sans tomber dans la moralisation ou la culpabilisation ; et sérieux mais sans en faire des tonnes non plus. Bref, il faut trouver l’équilibre propre à chaque culture d’entreprise. En cas de doute, rester factuel en rappelant l’obligation réglementaire permet le plus souvent d’obtenir une bonne adhésion des équipes.
Comment conserver de bons comportements sur le long terme ?
L’enjeu consiste à transformer la pratique en habitude, puis l’habitude en culture d’entreprise. Il faut donc du temps (quelques mois). Durant cette période initiale, il n’y a pas vraiment d’autre solution que de faire régulièrement le tour des points d’apport pour checker visuellement la qualité du tri, et communiquer à nouveau en cas de dérive. Certains de nos clients organisent des petits challenges entre équipe, lorsque l’état d’esprit de l’entreprise le permet. Heureusement, le recyclage en entreprise entre dans les mœurs, et confine à l’évidence pour les nouvelles générations. Patience encore, donc.
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